Éclairage

Quelle place pour l’intelligence artificielle dans les études notariales ?

17/07/2024

Entretien avec Thomas Prud’Homoz, notaire associé KL Conseil

Ces dernières années, l’intelligence artificielle s’est imposée au cœur de nombreux débats, induisant progressivement un changement de paradigme. Dans le notariat, certains pensent qu’elle pourrait le faire disparaître. D’autres au contraire, qu’elle représenterait une réelle opportunité d’efficacité et de rapidité d’exécution au sein des études, permettant ainsi aux collaborateurs de se concentrer davantage sur des tâches à plus forte valeur ajoutée. Mise en lumière avec Thomas Prud’Homoz, notaire associé, KL Conseil.

 

Quelle place occupe aujourd’hui l’intelligence artificielle au sein des études notariales ?

Aujourd’hui, l’IA fait partie intégrante des réflexions autour des nouvelles méthodes de travail, notamment au sein des études de notaires, peu enclines au changement. Nous voyons émerger sur le marché un certain nombre de sociétés qui développent des logiciels d'aide à la rédaction (GenApi) ou d’aide à la documentation juridique (LexisNexis) pour soulager les collaborateurs de certaines tâches. Les instances - comme la Chambre des Notaires de Pariis et le Conseil supérieur du notariat – s’intéressent au sujet, réfléchissent à des outils et organisent de plus en plus de conférences dédiées à l’IA.

Le véritable enjeu pour les études notariales est de porter cette nouvelle culture auprès des collaborateurs afin de faire en sorte que l’intelligence artificielle devienne un réflexe pour tous, et que tous puissent l’utiliser convenablement. Chez KL Conseil, nous sommes certains que l’usage de l’intelligence artificielle ne peut être envisagé que s’il est accompagné d’une fine connaissance juridique et d’un esprit critique.

 

Sur quelles pratiques quotidiennes l’IA peut-elle intervenir ?

D’une part, son aspect conversationnel (ChatGPT) permet à l'ensemble des membres de l'étude de consulter l'outil pour aller chercher des idées, des solutions. De l’autre, elle favorise la rédaction de documents simples (courrier, compte-rendu etc.), la recherche juridique, l'analyse de notre base de données et celle des pièces d'un dossier, et la traduction de nos documents. Mais comme tout outil, l’IA a ses limites, et l’intervention humaine doit rester majoritaire pour assurer la fiabilité et la qualité de notre travail. Elle ne doit en aucun cas venir compromettre notre capacité de conseil auprès de nos clients.

 

Avez-vous intégré une IA ou un outil similaire au sein de KL Conseil ? Quel rapport avez-vous vis-à-vis des données que cela engendre ?

Dans notre domaine, la question de l’éthique et de la protection des données utilisées est essentielle car nous garantissons à nos clients sécurité et confidentialité. Nous avons donc fait le choix de développer notre propre outil d’intelligence artificielle en interne pour traiter l’ensemble de nos données dans un univers clos et protégé. Les informations que nous transmettons à l'intelligence artificielle passent par le système sécurisé Microsoft. Notre usage est donc encadré et maîtrisé.

Avec cet outil et un plan de formation à venir, nous souhaitons former dès aujourd’hui l’ensemble de nos collaborateurs aux nouveaux usages de demain et ainsi améliorer le métier de notaire. Déléguer à l’IA certaines tâches plus répétitives et chronophages leur permettra ainsi de se concentrer davantage sur des missions à plus forte valeur ajoutée, notamment l’étude juridique des dossiers et le conseil.

 

Comment percevez-vous cette évolution technologique pour l’avenir de votre profession ?

Les collaborateurs formés à l’intelligence artificielle apporteront certainement avec eux une valeur ajoutée significative aux études notariales et à leur croissance, notamment en termes de gain de temps, de confort et de conseil. Adopter l’IA dès maintenant, c’est penser l'avenir du notariat, pour revenir à l’essence même du métier : l’humain, l’expertise juridique et le conseil patrimonial.